Qu’est-ce que bien dessiner ? Je ne sais pas vraiment. Il y a le sujet, la manière et quoi ?
Quand Hokusai dit « soit un point, soit une ligne tout sera vivant » pourtant je comprends. Il y a des traits éteints et des traits vivants.
Ce qui fait espérons-le que la machine, l’ordinateur ne pourra jamais tromper l’oeil averti. Sur le logiciel sketchup par exemple, on peut paramétrer le trait « façon à la main » (je ne sais plus le terme exact). Les brocanteurs vendent bien des meubles neufs abîmés artificiellement.
Bien dessiner ? Je suis le premier à qui je veux plaire – plutôt d’ailleurs je veux me surprendre, j’aime m’étonner de ce que je fais, me demander si c’est bien moi qui ai fait ça ? Et d’expérience, celui ou celle qui cherche à me plaire, me flatte, ne me plaira pas. On peut se laisser prendre, mais ça ne dure pas. Tel dessin de Rembrandt « Jeune fille endormie » (Hendrikje Stoffels endormie) est resté intact comme au premier regard, de même tant de dessins de Poussin, quelques paysages de la campagne romaine de Le Lorrain… Et ces bovins en croquis rapide (gouache, fusain, huile…) de Eugène Boudin, et Daumier, Princeteau, Toulouse Lautrec, Schiele, Steinberg, Sempé, Cabu ! Et Xu Wei : Bambous (1540-1590); Raisins (un rouleau vertical avec un texte bouleversant).
Donc bien dessiner c’est d’abord pour moi créer les conditions d’un geste et d’un regard libres, qui ne cherchent pas à plaire. Et puis laisser venir, le sujet, la manière du moment. Bien dessiner c’est beaucoup « ne pas »… Ne pas voir les barreaux qui m’enferment, ne pas vouloir atteindre ceci ou cela, ne pas projeter.